Des biais
J’entends le féminisme comme le combat pour l’égalité femmes‑hommes.
Nous vivons dans une société patriarcale qui a déjà duré trop longtemps.
Si nous avons bien sûr tous et toutes conscience du problème, de nombreux biais sont encore ancrés en nous. Ces biais nous viennent des images que la société a construites et imposées comme la norme au fil du temps. Une image des femmes comme étant inférieures aux hommes, moins intéressées par les sujets jugés importants, moins intéressantes de fait. Une image des femmes qui permet la violence à leur encontre. Violence physique, violence psychologique, violence symbolique.
Dans le langage
Cette construction de l’image d’une femme inférieure à l’homme s’est traduite dans la langue française par des règles de grammaire, d’orthographe, de vocabulaire… Qui à leur tour —ces nouvelles règles étant imposées comme usage— ont contribué à façonner cette image et nous faire intérioriser cette inégalité femmes‑hommes.
Pour qui s’est intéressé‑e au féminisme et au langage, c’est un classique que de citer Nicolas Beauzée, grammairien et académicien en 1767, mais cette piqûre de rappel est parfois nécessaire. Auteur de la fameuse Grammaire Raisonnée dont on tire majoritairement notre grammaire actuelle, il écrit : Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle
. La fameuse règle du « le masculin l’emporte sur le féminin », expliquée en des termes forts sympathiques !
À cause du langage
Les nombreuses études en psycho/sociolinguistique ont montré depuis lors que le langage influence les représentations mentales.
Utiliser le masculin pour générique engendre un biais mental. Quand on parle des livreurs, l’image mentale est celle d’un homme livreur. Or, il existe aussi des femmes livreuses. Qui sont, de fait, beaucoup moins nombreuses puisque les entreprises écrivent rechercher des livreurs… C’est le serpent qui se mord la queue !
Alors imaginez cela avec des emplois censés être plus prestigieux, et donc permettant d’accéder à la reconnaissance sociale et à un revenu plus élevé…
Changeons les choses
L’écriture inclusive, qu’elle emprunte au langage épicène, à la reféminisation des métiers, au point médian ou aux règles de proximité, est‑elle alors la solution pour rendre ce monde plus égalitaire en façonnant de nouvelles images des femmes ?
Sans m’avancer, je réponds que oui, c’est une des solutions qu’il faut absolument appliquer en parallèle des autres combats.
Pas convaincu ? Lisez attentivement le dernier article en date du CNRS : https://lejournal.cnrs.fr/articles/lecriture-inclusive-par-dela-le-point-median